Un retour d’Agadir

Posted on Fri 27 March 2020 in Autre

Un petit peu en décalage avec le reste du blog, voici le récit du retour de vacances le plus agité de ma vie, sur fond de COVID-19…

Donc départ en vacance le 7 mars avec retour prévu le 14 mars, décollage 19h d’Agadir ! Jusqu’au vendredi 13, tout va bien… C’est après que ça se corse.

Samedi matin, réveil assez classique vers 9h, 9h30, le petit déjeuner fermant à 10h30, il fallait quand même mettre le réveil. Taxi réservé pour 15h histoire d’arriver à l’aéroport (qui est à 45 minutes de l’hôtel) à temps. Arrivé au petit déjeuner, on s’installe, je prends un café, une assiette salée, une assiette sucrée, un bol de yaourt-céréale-fruit… Bref, jusque là classique ! Et là, avec nos oreilles qui traînent, on commence à entendre des françaises à côté avec une voix un peu paniquée. On écoute un peu plus, leur avion pour Lyon est annulé à cause du COVID-19. Check rapide sur l’application Easyjet : notre avion est toujours prévu et à l’heure. On se rapproche de nos compatriotes, on se renseigne : apparemment, le royaume du Maroc a suspendu tous ses vols de et vers la France…

Toujours pas de nouvelle d’Easyjet. On voit arriver deux autres françaises, en pleurs, « on est allées à l’aéroport ce matin, tous les vols sont annulés » et, nous montre une photo de l’écran d’affichage de l’aéroport avec effectivement beaucoup de ANNULÉ écrit en rouge… Mais, notre vol de 19h, toujours pas ! Petite lueur d’espoir : l’aéroport de Bâle-Mulhouse-Freibourg a la particularité d’être à cheval sur la frontière française, suisse et allemande…

On tente de finir l’énorme petit déjeuner déjà dans les assiettes (ce qui est très, mais alors TRÈS compliqué avec une boule au ventre qui commence à grossir). Retour dans la chambre qui devait être libérée à 11h pour commencer à faire les valises. Petit passage par la réception avec un maigre « peut être on va rester mais on sait pas… »

Préparation des valises en attendant fébrilement des nouvelles… Puis, 13h le couperet tombe : "Easyjet a le regret de vous annoncer que votre vol est annulé"

Rendez vous sur le site d’Easyjet : effectivement il est annulé… Je clique sur "Gérer les perturbations", on nous propose d’annuler le billet pour obtenir un remboursement ou de l’échanger gratuitement sur un autre vol, sauf que… ben les autres vols, ils sont annulés aussi. Prochain départ prévu : on parle du 29 mars mais du coup sans grande certitude ! On descends au restaurant de l’hôtel, histoire d’avoir des infos et de retrouver nos co-nauffragés : 3 filles étaient parties au consulat d’Agadir et se sont globalement fait jeter sur le mode, on peut rien pour vous. Ah si, inscrivez vous sur Ariane… Découverte d’Ariane donc (pour ceusse qui ne connaissent pas Arianne, c’est le site du ministère des affaires étrangères français qui recense les français en voyage ou en expat hors de France). Donc on s’enregistre, ça coûte un peu de données personnelles mais vu la situation, tant pis… Fin d’après midi, communiqué de l’ambassadrice de France au Maroc :

« le royaume du Maroc suspend toutes ses liaisons aériennes avec l’Europe. Nous discutons en ce moment avec le gouvernement pour obtenir des dérogations pour le rapatriement de nos concitoyen·ne·s »

Les 3 filles de tout à l’heure décident de prendre un avion pour Casablanca, de là, rejoindre la Tunisie (une des 3 avait de la famille là-bas) en espérant pouvoir rentrer en France depuis Tunis. Il s’avère que la Tunisie ayant, entre temps, suspendue elle aussi ses vols, elles ont finie par avoir un Casa-Paris et ont réussi à rentrer, mais nous l’apprîmes bien plus tard !

Je commence donc à surveiller le compte Twitter de l’ambassadrice…

Début de soirée :

« Des vols commerciaux sont autorisés, il n’y aura pas de rapatriement. Renseignez vous auprès des compagnies aériennes »

Retour sur le site d’Easyjet, rien de plus… Ah si, pour l’échange, on parle maintenant du 4 avril au lieu du 29 mars…

Petit détails « amusant » : la connexion Wifi est assurée par l’hôtel et n’est pas forcément stable, et avec le forfait que nous avons, depuis le Maroc, c’est 3€/Mo, 0.95€/min l’émission d’un appel et 0.27€ l’envoie d’un SMS…

Un peu plus tard dans la soirée, nouveau tweet de l’ambassadrice : Transavia a eu l’autorisation d’effectuer plusieurs vols du Maroc vers la France, les billets sont en ligne. Allons donc voir sur le site de Transavia, aéroport de départ : Maroc ? Ah, non, il faut préciser une ville… Ok, Agadir alors. Aéroport de destination : France ? Ben non, ce serait trop simple… Bâle peut être ? Pas desservi… Lyon ? Oui, Lyon existe ! Rechercher et… et… connection time out, refresh, et…, et… pas de vol ! Déception. Plan B, Agadir-Orly, Rechercher… Oui, un vol disponible, 180€ par personne mais bon, c’est pour rentrer.

Veuillez rentrer le nom du passager. Ah oui mais on est 3, comment on ajoute des gens ? On peut pas (ou pas trouvé), il faut faire une nouvelle recherche avec le nombre de passager renseigné et correct. Ok, on revient à la page de recherche, 2 adultes, 1 enfant, rechercher, sélectionner le vol, nom prénom des passagers, date de naissance. Quel pack vous voulez ? Light avec un bagage à main par personne ? Standard avec une soute par personne (mais c’est plus cher) ? ou extra top moumoutte avec soute, 1 bagage à main, 1 petit sac, et votre nom au générique ? Moi, on est venu avec une soute, on va prendre Light et rajouter une option bagage en soute… Je clique, on sélectionne l’option, et j’arrive sur la page de paiement. Numéro de carte bancaire, date d’expiration, cryptogramme, validation. Requête 3D-Secure, code de sécurité sur le téléphone… Ça vient bon là, on y est presque, « chérie, on va rentrer! »

Validation du paiement :

Nous sommes désolés mais le vol que vous avez sélectionné n’est plus disponible…

Vlan…

Retour case départ…

Je relance les recherches, plus de vol… Un tour sur twitter : apparemment, vu les réponses pas très gentilles des gens, il semblerait que les places sur les vols soient parties en quelques minutes… Et que la réservation d’une place ne se fasse qu’après la validation du paiement.

Arrive le soir, installation de l’application Transavia (pour avoir un accès rapide à la recherche de vol), installation de l’application officielle Twitter pour avoir les notifications temps réelles de nouveau tweet et suivi du compte Transavia et Easyjet… Toujours pas de communication de la part d’Easyjet d’ailleurs. Quelques tentatives d’envoi de mail et de DM Twitter/Instagram… Les mails, ils ont prévenus c’est jusqu’à 28 jours de délai pour une réponse, et les DM ne sont pas lus…

Repas, ben oui, avec tout ça, on a quand même une petite fille avec nous qui a besoin de manger et qu’il faut essayer de préserver de tout ce stress… Passage de mon moi en mode survie à ce moment là : quelques heures de sommeil et un minimum de nutriment…

Dodo en surveillant avant de s’endormir et plusieurs fois pendant la nuit les réseaux à l’affût de toutes informations utiles. Pendant ce temps en France, samedi soir, allocution du premier ministre qui dit globalement, ça va être la merde, mais allez voter quand même… (au moment où j’écris ça, on commence à avoir des plaintes de président de bureau de vote qui ont attrapés le virus, alors que le discours de ce soir là était clair : si vous gardez vos distances, tout va bien !)


Dimanche matin, reprise de la surveillance des réseaux sociaux à la recherche d’un vol… On apprend que d’autres ont réussi à réserver un vol dans la nuit. Merde, on l’a loupé…

Petit déjeuner : petit café, une cuillère de yaourt et 4 flocons d’avoine/raisin sec…

Recherche, recherche, recherche… Passage à la réception, vous pouvez nous réactiver la carte pour une journée de plus s’il vous plaît, on ne sait toujours pas quand on part…

Recherche, recherche, trouvé, ah non, a plus, recherche, recherche. Contacter les parents, beau parents, frère qu’ils cherchent aussi mais avec une connexion stable. Un appel de mon père :

« je vous ai trouvé un vol, je fait la réservation pour vous ?

– oui, oui, vas-y dépêche toi !

– alors, nom, prénom, date de naissance. Vous avez quoi comme bagage ?

– une soute

– alors je peux choisir 20, 25, 30 ou 35kg

– prend 25kg

– c’est bon je suis au paiement… ah ben il me dit qu’il n’y a plus de vol

– … »

Appel du service client Easyjet… Dans le vide 10 minutes puis raccroché. Inutile…

Appel de l’ambassade : « toutes nos lignes sont occupées »

Recherche, recherche, recherche…

Puis là, un appel sur le portable de ma femme : on décroche. Mister Fly, site sur lequel on avait réservé l’hôtel.

« Est-ce que vous êtes toujours au Maroc ?

– oui

– Est-ce que vous êtes toujours à l’hôtel ?

– oui

– Ok. On sait que vous êtes sur place, on cherche une solution, on ne va pas vous laisser là. En attendant, restez bien à l’hôtel. Et essayez de trouver un vol.

– Très bien merci »

Cette fois, on a enfin une preuve que quelqu’un, qui peut peut-être faire quelque chose (spoiler, non) sait qu’on existe. On est quelque part dans un listing ! Moment de soulagement.

Reboosté par cette nouvelle, et devant les informations françaises qui deviennent préoccupantes, on décide d’appeler la préfecture du Territoire de Belfort en jouant sur la carte qu’un de leur médecin est bloqué au Maroc, pour savoir s’il pouvait faire quelque chose. Pas plus d’infos mais bon, on aura essayé. Suivi de l’appel au Consulat général d’Agadir. On décline nos identités et profession : un médecin, une petite fille, notre dossier atterrit sur le bureau du consul. Dans le même temps, on nous dit de continuer nos recherches et de ne pas faire la fine bouche. De prendre le premier vol qui part du Maroc à destination de la France, même si c’est un Tanger (environ 8h de route depuis Agadir) vers Toulouse (environ 8h jusqu’à la maison). C’est pas joyeux joyeux…

Avec tout ça, il est 15h passé et on a toujours pas mangé, direction la corniche pour une petite ballade avec la petite fille, qui n’en peut plus de rester dans la chambre, au moins là-bas, elle peut courir… Par contre pendant tout ce temps pas de réseau… Retour à l’hôtel… Un vol loupé…

Nouveau vol disponible, nouvel échec de réservation. Ne perdons pas espoir (si !).

Reprise des recherches, annonce de nouveaux "rescue flights" opérés par Easyjet. Comme on est client Easyjet, ils vont nous contacter…

La nuit est longue et ponctuée de recherche sur Transavia, puis tentative sur Royal Air Maroc, Air France, Ryanair, Eurowings, Luftansa… Le tout avec quelques retours sur la page d’Easyjet pour essayer d’en apprendre plus surs ces rescue flights. Je fini par trouver un bout de page, en anglais, qui explique la procédure pour ces vols, via Google parce que via la page d’accueil, je cherche encore ! De ce que j’arrive à traduire (on est au milieu de la nuit, avec pas beaucoup de sommeil la veille, donc je met en doute ma capacité à traduire), la procédure est la suivante : allez sur votre espace sur le site d’Easyjet, puis gérer vos perturbations et sélectionnez un nouveau vol. Ah… D’accord, c’est donc ce que je fais depuis 2 jours sans voir les nouveaux vols et rentrer mi-avril me botte moyennement… Sinon, ils proposent une deuxième solution : allez à l’aéroport et battez vous. Littéralement ! Bon pas tout à fait littéralement. Dans le texte, ça donne ça : « Allez à l’aéroport et s’il reste des places, on vous les attribuera sur la base du premier arrivé, premier servi ». Autant dire qu’avec une petite fille de 3 ans, un aéroport à 45 minutes de l’hôtel, en période de crise sanitaire, avec aucune assurance d’avoir un vol, c’est globalement hors de question.


Lundi

Recherche, recherche, petit déjeuner, recherche, douche, recherche, recherche… C’est l’heure d’aller manger. Une pizza pour 3, et encore, on se force, mais avec des bières ! Ça passe toujours bien la bière…

Recherche, recherche, recherche. On sympathise avec 2 sœurs qui ont l’habitude de venir dans cet hôtel. Elles aussi cherchent un vol de retour. Elles ont appelé le consulat qui leur a dit : « Agadir, c’est complètement bouché… Essayez peut-être d’aller à Marrakech, il y a plus de vol. »

Elles décident donc de partir à Marrakech en taxi (environ 3h de route aller) pour tenter l’aventure. On prend leurs numéros, histoire d’avoir des nouvelles et de savoir s’il faut qu’on tente l’aventure aussi.

Tweet de l’ambassadrice : il est recommandé aux personnes véhiculées de rejoindre l’Espagne via les enclaves espagnole au Maroc et en prenant le ferry. Moyen chaud aussi de partir pour cette aventure.

Je ne compte plus les échecs de réservations, ça devient lassant…

Recherche, recherche, recherche, recherche…

À la réception, on cherche aussi des vols. On nous appelle dans notre chambre si un vol est trouvé pour finaliser la réservation… mais le temps d’arriver sur place… plus de place.

Nouveaux vols d’Easyjet annoncés avec toujours la même procédure : gérer les perturbations, changer d’aéroport, sélectionner le vol, valider, « oui je suis sûr de vouloir changer d’aéroport », finaliser… Erreur. Toujours cette sempiternelle erreur. Sur Twitter, je constate que je ne suis pas le seul à avoir cette erreur : changez de navigateur et videz le cache, certains conseillent… Sur un téléphone, c’est pas aussi simple… On rafraîchit, j’installe Chrome sur le téléphone histoire de tout tenter, je refais la procédure… Erreur, encore. « Il faut insister, au bout d’un moment ça marche » conseillent d’autres personnes.

C’est aliénant, je passe mon temps à rafraîchir des pages web, depuis mon téléphone en espérant trouver une solution pour rentrer.

Retour sur Easyjet, connexion et là : « Nous avons constaté une activité suspecte sur votre compte et nous l’avons bloqué pour votre sécurité. » Allez vous faire f* avec votre sécurité à la c. Je lance la procédure de déblocage du compte mais ça prends du temps… et dans le contexte, le temps, c’est potentiellement un billet d’avion qui s’en va.

J’arrive enfin à me reconnecter… Je suis paré pour refaire toutes mes procédures de la tentative de changement de vol Easyjet à la recherche de vol Transavia et passant par toutes les autres compagnies… À tout hasard, j’essaie les méta-moteur de recherche pour trouver un vol (à la Trivago, Kayak et autre) et, outre le fait que ce soit insupportable à utiliser depuis un téléphone, les résultat ne sont pas à jour, et/ou farfelu… Je pouvais faire un Agadir-Paris, oui, j’en ai trouvé… Mais en passant par Singapour.

Repas du soir au buffet de l’hôtel. Au Maroc aussi, il commence à flotter un parfum de confinement, les bars, les restaurants, les mosquées ferment.

Toujours pas de nouvelles des 2 sœurs parties à Marrakech.

Début de la nuit : changement de vol sur Easyjet, recherche Transavia, changement de vol sur Easyjet, recherche Transavia, etc… Petit intermède dodo mais je ne sais pas pourquoi, je dors pas très bien, c’est curieux…


Petit matin, il fait encore nuit, changement de vol sur Easyjet et recherche Transavia… Toujours une erreur, toujours pas de vol. Je recommence, sans cesse… Vers 7h du matin, nouveau tweet de l’ambassadrice : des vols Transavia au départ d’Agadir, de Marrakech et de Casablanca sont annoncés et seront disponibles dans l’heure. J’abandonne le changement de vol sur Easyjet, de toute façon, ça marche pas… Je me concentre sur Transavia.

7h02, toujours rien.

7h03, toujours rien.

7h05, toujours rien. Les minutes sont très longues et la recherche est fébrile. D’autant qu’on ne sait toujours pas exactement la destination en France. On a bien 3 aéroports de départ annoncés, mais pas d’aéroport d'arrivée.

7h06, toujours rien.

7h10, rien de plus. On sait que les vols vont partir en moins de 5 minutes, on ne peut pas s’arrêter de rechercher.

7h12, rien.

7h15, rien, mais c’est un peu plus long à rechercher. Serait-ce à cause de la mise à jour des données, serait-ce à cause du nombre grandissant de personnes désespérément à la recherche d’un vol ? Une seule solution, continuer de chercher.

7h16, rien.

7h17, toujours rien.

7h18, toujours rien… Rhâaaaaaaaaa…

7h20, un vol, Agadir-Orly. Veuillez rentrer les noms des passagers. J’ai acquis une certaine dextérité ces derniers jours et j’arrive à passer cette étape à toute vitesse. Quel pack vous voulez ? Écoute, je vais prendre le standard avec une soute chacun, même si j’en ai pas besoin, j’ai pas de temps à perdre avec les options sur la page d’après. Paiement. Instant critique, le paiement est validé, retour sur le site de Transavia, et je sais pertinemment que c’est ici que tout peut basculer…

C’est long… Ça charge, mais c’est long…

Votre réservation est confirmée

Il est 7h22 du matin, le mardi 17 mars 2020, à J+3 et on vient d’avoir un vol pour rentrer à Paris, au départ d’Agadir à 17h ce soir là.

Le petit déjeuner de ce matin passe un peu mieux que les autres jours.

On retrouve les 2 sœurs qui étaient partie à Marrakech la veille. Elles ont aussi eu le même vol que nous. Par contre, l’aller-retour à Marrakech, un enfer, 3h aller, 3h retour, sur place il faisait froid et un nombre impressionnant de personnes campaient dans l’aéroport à la recherche d’un vol… 260€ de taxi pour rien. On a bien fait de rester à l’hôtel. On convient d’une heure pour partager un taxi à 5 pour aller à l’aéroport dans l’après-midi.

On passe à la réception pour dire qu’on les quittaient et les remercier de tout ce qu’ils ont fait pour nous. On apprends que le restaurant et le bar de l’hôtel sont désormais fermés, seul le room service est encore fonctionnel et si l’hôtel reste ouvert, c’est uniquement parce qu’il y a encore des ressortissants d’autres pays ayant besoin de rentrer chez eux.

On a eu de la chance d’avoir ce vol.

Objectif de la matinée, finir les valises et trouver une solution pour faire Paris-Belfort dans une France confinée. Heureusement, on a des amis qui habitent pas loin d’Orly, et qui acceptent de nous héberger pour la nuit, et un train qui nous ramènerait pas loin de chez nous. En plus, une fois les billets de train réservés, un mail vient nous confirmer que le train roulerait bien.

La Grande Classe !


Arrivé à l’aéroport, des files d’attentes interminables aux différents guichets des compagnies aériennes… On repère notre vol, il est affiché. Ouf. Comptoir d’enregistrement 9, 10 et 11. Nous nous y rendons avec nos compagnons d’infortune. L’enregistrement pour notre vol n’est pas encore ouvert. C’est normal, il est 13h40, le vol est à 17h et les comptoirs ouvrent 3h avant le départ. L’enregistrement du vol précédent se termine. On voit quelques retardataires arriver en courant et réussissent à choper leur vol pour l’Allemagne. Vu le contexte, je ne peux pas les blâmer, peut-être ce matin là étaient ielles à l’autre bout du pays…

14h, normalement les comptoirs d’enregistrement vont ouvrir. Comme il n’y a personne dans la fille d’attente, nous nous engageons dedans et nous attendons que ça ouvre. 14h10, toujours rien. Dans la file d’attente, il y a un mec avec un énorme chariot de valises, sac de golf et autre qui n’en peut plus, qui râle sur tout le monde… En écoutant son histoire, ça fait 2 jours qu’il est à l’aéroport (on a vraiment bien fait de rester à l’hôtel), tout seul. Il aurait dû être avec son épouse en voyage de noce, mais sa femme, infirmière est à l’hôpital, souffrante du COVID-19, son fils gendarme est à l’hôpital, souffrant du COVID-19. Il est donc parti seul (sic)… Il se fait engueuler par les personnes qui travaillent à l’aéroport, qui, eux aussi ont passés plusieurs jours hors normes, mais bon, c’est lui qui a le droit d’être énervé, pas eux. Heureusement qu’on n’a pas passé trois jours avec lui !

Le stresse devient palpable, les comptoirs n’ouvre toujours pas. Des rumeurs d’avion annulé apparaissent, largement rediffusé par notre amis aux clubs de golf. À ce moment là 3 choses font que tout bascule, un car d’allemand·e·s arrive… Vraisemblablement un car avec plein de monde prévu sur le vol qui est en train d’embarquer, ça crie, ça se bourre… L’allemand·e est peut être très discipliné·e dans son pays, mais ici, dans ce contexte là, on ne peut pas dire que ce soit ce qui lae caractérise. Donc sur la droite, nous avons une quantité d’allemand·e·s qui se montent dessus et qui gueulent après les personnes de l’aéroport pour que le vol soit un petit peu retardé qu’ielles puissent embarquer. Sur la gauche, un des guichets qui nous était attribué ouvre, mais pour le vol en direction de Varsovie… Mauvaise blague… Toujours pas de nouvelle de notre vol.

Les allemand·e·s nous passent devant, on se fait déborder par la gauche, par la droite. À un moment donné, suspension de tous les enregistrements, tout le monde recule pour refaire des files d’attente descentes et éviter les tas. Le tout, bien évidemment, dans des grands cri d’indignation de part et d’autre.

Toujours pas de nouvelle de notre vol, on part dans 2h20 a priori.

Nouveau rebondissement, une fois que les allemand·e·s se sont un peu calmé·e·s et un peu drainé·e·s, Easyjet (la fameuse) ouvre l’enregistrement pour un de ces vols de secours, et comme promis, premier arrivé, premier servi… Nouvel crise de file d’attente… Au passage, une personne de l’aéroport nous indique que l’enregistrement pour le vol pour Paris va bientôt ouvrir ! En voilà une bonne nouvelle.

Enregistrement, contrôle de sécurité, duty free, arrivé à la porte d’embarquement, changement de porte d’embarquement (au point où on en est !) et arrivée dans l’avion.

« Bonjour, ici votre capitaine qui vous parle. Comme vous pouvez le constater, il y a encore des places vides dans l’avion. Nous sommes venus à vide et avons une capacité de 189 passagers, nous ne partirons pas avant d’avoir 189 personnes à bord.

Par contre, comme on a un créneau de décollage de 15 minutes, on va sans doute le louper, donc on va avoir du retard… Ah et puis, pour ce trajet particulier là, aussi, on va devoir longer la côte ibérique et pas passer à travers l’Espagne, donc le voyage sera plus long »

Les 2 dernières personnes finissent par monter dans l’avion 5 minutes après, en larmes, ça faisait plusieurs jours qu’ielles étaient dans l’aéroport et le personnel au sol est allé les chercher pour qu’ielles embarquent. On n’a pas loupé le créneau de décollage et on a pu partir !

Atterrissage sous les applaudissements.